Club des cinglés de la Livrée,                   en Eure-et-Loir

Challenge Raoul Lambert.

Le challenge Raoul Lambert a été créé en 2016 par Vincent Lambert, l’unique petit fils de Raoul. Il a lieu chaque 21 mai sur un parcours d’exactement 100 kilomètres partant de Blainville-sur-Orne. Tous les ans le circuit est différent. L’inscription est gratuite pour tous sauf pour les licenciés FFC qui doivent payer 2 Euros.  Le départ est à 13h30. Un maillot jaune, attribué par tirage au sort, est porté par l’un des cyclos participants pendant la sortie.

En 2016, seulement 9 cyclistes (dont un licencié FFC)  participèrent à ce challenge. Le nombre de participants a régulièrement augmenté pour dépasser la centaine de challengers (dont 7 licenciés FFC) en 2019.

Pour le centenaire de Raoul en 2024, les organisateurs espèrent bien dépasser les 500 participants.

À propos de Raoul Lambert

Raoul Lambert est né le 6 juin 1924 à Blainville-sur-Orne entre  Caen et Ouistreham. Le jour de l’anniversaire de ses 20 ans, il fut réveillé par les tirs d’artillerie des troupes alliées qui débarquaient sur les côtes Normandes. Il enfourcha son vélo de course pour informer un maximum de gens que le débarquement avait eu lieu. Il partit vers la Bretagne, descendit  vers le sud-ouest en longeant l’océan, traversa les Pyrénées en franchissant le Tourmalet , Peyresourde …, passa par Marseille puis la promenade des Anglais à Nice, remonta vers le nord en passant par le plus haut col routier français de la Bonnette, rejoignit Grenoble puis Lyon, traversa le Jura puis l’Alsace ……

Il revint à Caen le 22 juillet 1944.

 

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            Le vélo de Raoul Lambert en 1944.

Pendant ce périple Il portait majoritairement un maillot de couleur jaune. On peut affirmer que Raoul Lambert fut le vainqueur du tour de France 1944.

Dès l’été 1945, il prit sa licence FFC. Il gagna sa première course en solitaire en disqualifiant tout le  peloton qu’il doubla  trois tours avant l’arrivée. Par la suite il refusa de gagner une course, son comportement anti-compétition, ses sympathies communistes et anarchistes lui valurent son exclusion de la FFC  en 1949.

Voici quelques anecdotes qui firent sa réputation :

-Les  22 et 23 juin 1946, Raoul Lambert participe au 13e Grand Prix de L'Humanité. Ce Grand-Prix essentiellement organisé pars La FSGT est couru en deux étapes, sur un parcours total de 378 km. La première étape est disputée entre Nantes et Le Mans. La deuxième étape permet aux concurrents de rejoindre Paris, par Épernon. C'est sur la piste du Parc des Princes qu'a lieu l'arrivée. L'étape Nantes-Le Mans est remportée par René Cador, coureur originaire de St-Étienne, âgé de 23 ans. Il triomphe au sprint de Jean Lauk, seul parisien à s'être mis en évidence. Le troisième est Maurice Miel, « un jeune provincial de 20 ans », de l'US de Cosne-sur-Loire. La seconde étape est remportée par le « béarnais Autaa » qui sort de la course professionnelle Armagnac-Paris. Il triomphe au Parc des Princes de son coéquiper Lamouzy, de Pau. La victoire finale revient à Maurice Miel, qui n'a remporté aucune étape. « Les espoirs provinciaux supérieurs à ceux de Paris », titre Miroir-Sprint , qui note le succès de la réunion préparatoire organisée au Parc des Princes. Les poursuiteurs et sprinters italiens triomphent sous les yeux du président de la FFC. Pas un seul mot journalistique ne signale la FSGT. Pas un seul mot non plus concernant Raoul Lambert alors que celui-ci fut exclu de la course pour comportement antisportif. Alors qu’il était échappé avec cinq minutes d’avance  sur ses poursuivants, à deux kilomètres de l’arrivée au Mans, Raoul s’est arrêté sur le bord de la route et s’est associé au public pour encourager les coureurs du peloton.

-La guerre est finie ! La France est libérée mais ce n’est qu’en 1947 qu’est organisé le premier Tour de France d’après-guerre. Jean Robic y participe. D’étape en étape, il est remarqué mais jamais il ne porte le maillot jaune. Tout change dans la dernière étape ! Entre Rouen et Paris, dans la côte de Bonsecours, il s’échappe.  Aujourd’hui, une stèle a été dressée sur laquelle on peut lire : « Le 20 juillet 1947, Jean Robic s’échappe dans cette côte, prend le maillot jaune et gagne le premier Tour de France d’après-guerre ! »  Mais ce qui n’est pas précisé sur cette stèle, c’est que ce 20 juillet 1947, Raoul Lambert, parti de Caen sur son fidèle vélo de course rejoignit le parcours de cette dernière étape, réussi à tromper la vigilance des commissaires de la course en doublant le peloton et rattrapa Robic trente kilomètres avant Paris. Il le doubla en l’encourageant avec un prémonitoire « Vas-y mon Poupou » que Robic ne comprit pas. Puis un gendarme l’obligea à s’arrêter au bord de la route à l’entrée de Paris. Il en profita pour à nouveau encourager Robic et  les coureurs du peloton plusieurs minutes plus tard. Le commissaire qui l’avait repéré sans pouvoir le stopper avant qu’il ne double le peloton put alors le verbaliser.

-Le 25 juin 1949 lors d’une course en ligne organisée par un club de l’Eure, Raoul resta à l’arrière du peloton. Dès que certains se trouvaient distancés, il ralentissait pour les attendre et les ramener à l’avant de la course. Son comportement fut remarqué par des commissaires qui le sommèrent d’arrêter ce petit jeu. Non seulement Raoul  n’obtempéra pas mais il passa devant le peloton, provoqua une échappée d’un groupe de six coureurs puis leva le pied en laissant ses compagnons poursuivre. Quand il fut rejoint par le peloton il accéléra pour emmener le peloton dans sa roue et rattraper les cinq échappés puis s’installa à nouveau à l’arrière du peloton. Dans la dernière difficulté, une longue côte à 5%, Lambert n’hésita pas à pousser les concurrents qui avaient  du mal à suivre.

Le 18 octobre 1949 les membres de la commission disciplinaire de la FFC  utilisèrent (entre autres) les procès-verbaux de ces événements pour justifier  leur décision d’exclusion à vie de  Raoul Lambert.

Bien sûr, Raoul continua toute sa vie à pratiquer son sport favori. Tant qu’il fut en activité  il se contenta d’une sortie par semaine en solitaire sur les routes du Calvados, en pédalant parfois jusque dans l’Orne. Il profita de ses congés payés pour gravir les cols des Alpes ou des Pyrénées. Peu de temps après sa mise à la retraite en 1984, il prit sa licence FFCT au club « La petite reine du Calva » d’Hérouville-Saint-Clair. Il participa à la sortie dominicale du club très régulièrement sauf pendant les deux dernières semaines de juin et les deux premières de septembre qu’il consacrait aux balades en moyenne et haute montagnes.  Il fit sa dernière sortie de 80km le 15 mai 2015, quelques semaines avant son 91ième anniversaire. Il décéda dans son sommeil le 21 mai 2015. Conformément à ses dernières volontés, il fut enterré civilement au cimetière de Blainville-sur-Orne. Sur sa tombe est gravé : « Sans religion ni nation ni compétition, l’humanité s’épanouira».

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